La pêche dans les Caraïbes se concentre essentiellement sur les espèces proches du littoral: lambis, langoustes, mérous, vivaneaux, ainsi que d’autres espèces liées aux récifs coralliens.
L’exploitation des ressources pélagiques (de pleine eau) n’en est qu’à ses débuts, en raison principalement du manque de navires de pêche adaptés. Les pêcheries d’eau douce et d’estuaires se limitent à la marge continentale de l’Amérique du Sud, de l’Amérique centrale et des Grandes Antilles où les ressources en eau douces et les habitats estuariens sont abondants.
Le poisson constitue un élément traditionnel et essentiel de l’alimentation de la majorité des populations de la région qui figurent parmi les premiers consommateurs mondiaux en terme de Kg de poisson/habitant.
Ces dernières années, les marchés locaux se sont développés grâce à l’industrie touristique et à la croissance du revenu individuel. A delà il faut ajouter des incitations à l’exportation liés à la proximité de marchés preneurs. Le résultat en est une tendance à la surexploitation des stocks qui a terme mènera à une réduction majeure des ressources halieutiques dans toute la région. Les espèces les plus menacées sont benthiques car plus facilement accessibles.
Aujourd’hui presque tous les pays de la Caraïbes sont importateurs de produits de la mer. Jusqu’alors, l’abondance de produits halieutiques avait éliminé l’intérêt pour l’aquaculture. Gloablement, la majorité des pays de la Région n’ont pas de tradition aquacole et ce secteur d’activité reste peu développé au regard de son potentiel.
Plusieurs raisons permettent d’expliquer cet état de fait:
- absence d’aquaculture traditionnelle artisanale qui permettrait de générer la maîtrise de technologies à même de permettre un développement significatif,
- manque cruel de connaissances sur la biologie et le potentiel aquacole des espèces indigènes,
- nombre limité de structures de recherches (universitaires ou autres) et absence de moyens pour la mise en place de véritables programmes de développement,
- absence de plans régionaux de développement appuyé par une forte volonté politique,
- ignorance du potentiel de développement de l’activité,
- enfin, des investissements « prématurés » sur des projets mal maîtrisés se sont soldés par une série d’échecs retentissants qui ont doté l’aquaculture d’une mauvaise image de marque auprès des investisseurs potentiels et des financeurs publics ou privés.
Il parait étonnant, compte tenu de l’environnement maritime de la région que la majorité des projets d’aquaculture se soient fondés sur les espèces d’eau douce exogènes: chevrettes et tilapias pour l’essentiel.
Malgré le développement important de l’aquaculture à l’échelle planétaire (5 à 10% de croissance annuelle), la Région caraïbes a peu développé son aquaculture. L’aquaculture de l’ensemble de la Région représente moins de 1% de la production aquacole mondiale et repose sur l’élevage d’espèces tropicales exogènes.
Les espèces marines indigènes restent à des étapes variées de développement: recherche, ou démonstration à l’échelle d’élevages pilotes ou de commercialisation embryonnaire.
Pourtant, les Caraïbes ont un énorme potentiel de développement aquacole: des sites appropriés, des températures permettant des croissances élevées, des eaux de bonne qualité, des marchés demandeurs. Encore faut-il identifier les espèces ayant le plus fort potentiel aquacole qui ne sont pas nécessairement les plus demandées…Ainsi la langouste, bien qu’étant l’une des espèces de plus forte valeur commerciale de la région, est une espèce dont le potentiel aquacole parait faible du fait d’une durée de cycle longue (4 ans pour atteindre 500 g), d’un cycle larvaire océanique mal connu. Autre espèce symbolique dont l’élevage ne s’est pas développé pour le même type de raison: le lambis qui devient relativement rare du fait de sa surexploitation. Il faut garder à l’esprit que la maitrise d’un cycle d’élevage implique 5 à 20 ans de recherche appliquée suivant que l’on part d’une espèce ayant déjà bénéficié de travaux préparatoires ou non. Nous en sommes aujourd’hui encore au stade d’inventaire.
La définition d’objectifs réalistes en terme de marchés et de production, un soutien accru en matière de recherche/développement, la prise ne compte des contraintes environnementales et sociales, le besoin de structurer la coopération de ce secteur à l’échelle régionale, sont parmi d’autres des éléments à prendre en compte pour développer une aquaculture rentable et durable.
De récents travaux ont mis en évidence la nécessité de travailler de concert sur les espèces natives de mollusques et crustacés en mutualisant les moyens et les outils. (pour en savoir plus)